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CarnetDePassage.com
kamchatka
Écrit par Sophie et Jeremy   
Mercredi, 24 Août 2016

 

J-2
Nous arrivons a l'aéroport de Petropavlosk après 3h30 de vol et de multiples ronds dans le ciel au dessus de la baie, qui nous ont permis de bien profiter du panorama même s'ils semblaient peu cohérents. Le terminal est tout petit, la police des frontières nous attend à la sortie de l'avion. Autant le passeport de Sophie de pose pas trop de problème, autant le visa iranien dans celui de Jeremy a l'air de beaucoup les contrarier (heureusement ils n'ont pas vu le tampon du Daghestan dans celui de Sophie!) . Il s'ensuit une bonne demi-heure de discussion via une traductrice, on ne doit pas être bien nombreux à venir visiter le Kamchatka en autonome et ça les perturbe. Après avoir minutieusement tout photographié ils nous autorisent enfin à partir et nous souhaitent la bienvenue.
Le choix du bus nous semble extrêmement complexe, finalement on monte dans n'importe lequel en direction du centre-ville. Notre guest-house est à Pétaouchnok et située dans une barre d'immeuble très soviétique, la tôlière ne parle pas un mot d'anglais mais est très serviable et nous nous servons de google traduction pour communiquer.

avion 1 avion 1 avion 2 avion 2

J-1
Journée consacrée à l'organisation du voyage vers le parc de Klyuchevskaya. Il est très facile (et économique!) de circuler dans Pétropavlosk en transports en commun, pour peu qu'on connaisse quelques numéros de ligne de bus. L'achat de billets de bus pour Kozyrevsk (ville la plus proche du parc) se fait sans souci. On cherche fébrilement un gros camion 6 roues motrices pour faire le reste du trajet jusqu'au parc (notre contact ne nous répondant pas), et finalement tous nos problèmes se résolvent miraculeusement en allant au bureau des parc russes (qui se trouve bizarrement à Yelizovo, ville située à 20km!) où nous trouvons une charmante interlocutrice anglophone. Elle nous fournit carte, traces GPS, numéro de téléphone de Dimitri qui conduit des gros camions, conseils, et armes anti-ours! Le passage y était de toutes façons obligatoire pour obtenir les autorisation de circuler dans le parc. En revanche nous sommes contraints de changer le trajet initialement prévu lorsqu'elle nous apprend que Klyuchi, le village par lequel nous comptions sortir du parc, nécessite un permis délivré (ou pas) par le FSB sous environ 1 mois par l'intermédiaire des tours opérators, autant dire que nous n'avons pas une chance de l'obtenir.

petropavlovsk petropavlovsk

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Journée pénible. Lever 6h pour attraper un bus qui ne vient jamais, obligés d'appeler au dernier moment un taxi clandestin qui heureusement conduit comme un vrai russe. Ouf on est à l'heure on a eu chaud! C'est parti pour 10h de bus jusqu'à kozyrevsk. On roule toujours tout droit sur une route pas encore goudronnée. Brève pause déjeuner dans un village paumé, le seul qu'on croise d'ailleurs. En arrivant on prend le gros camion dans lequel on rejoint un groupe de 18 russes très sympathiques qui transportent et partagent une énorme quantité de nourriture et d'alcool. Après 5h de route défoncée et tout le répertoire des chants russes, on arrive enfin au camp, dégoulinants de sueur. On monte rapidement la tente de nuit, un plat de noodle et au lit pendant que les russes continuent leur soirée.

cam cam

J1
Lever avec le soleil. Étonnamment les russes sont levés aussi. On leur laisse le gros de nos affaires et on part à l'assaut du Tolbachik. Très vite on se perd, il nous manque un trace GPS et on tourne en rond pendant 1h. Finalement on repère un autre groupe au milieu de la coulée de lave qui nous avait rebutés à cause de fumerolles chaudes résiduelles. On trouve une vraie autoroute de lave très mal signalisée, mais un peu plus rassurante même si elle est tellement fissurée qu'on a presque le sentiment de pouvoir faire rôtir une brochette au milieu des fumées. ..

tolbachik 1 tolbachik 1 tolbachik 2 tolbachik 2

L'ascension commence lentement. On s'aperçoit vite qu'on se trouve sur un glacier recouvert de scories et de projections de lave. On fait des provisions d'eau dans un ruisseau de fonte de glacier puisque, contrairement à ce qui est indiqué partout, il n'y a pas d'eau au camp. La vue sur la vallée est magnifique, plein de couleurs volcans et coulées de lave. Malheureusement le temps est un peu couvert mais on profite quand même. On atteint le plat au à 2600m après presque 7h de marche au total. Il commence à pleuvoir et on ne veut pas épuiser nos forces dès le premier jour donc on fait demi tour tant pis pour le cratère lac à 3000m.

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Pendant la descente le plafond nuageux descend et le sommet se retrouve vite invisible, il pluviote. Retour au campement après un total de 10h de marche et 1200m de dénivelés, détours compris. On voit revenir un groupe parti faire la fin de l'ascension au moment de notre demi-tour environ 2h après nous, ce qui leur fait quand même un total de 12h de marche !
Les russes nous accueillent joyeusement, nous offrent du thé et plein de sucreries. On part camper au calme à 20min ça nous avancera pour demain. L'endroit est parfait il manque juste un ruisseau pour nos pauvres pieds et une arme de destruction massive antimoustique. Notre premier repas lyophilisé est décevant et nous sommes obligés de nous abriter rapidement dans la tente vu l'afflux de sales bestioles volantes

J2
Assommés par notre première journée on dort comme des souches jusqu'à plus de 8h. Juste brièvement réveillés par une armée de randonneurs qui encercle la tente vers 23h...Cette fois on part avec les gros sacs sur le dos, mais ça devrait être une petite journée seulement 12km. Mais le scénariste à changé le script sans nous prévenir : on perd quasi immédiatement la trace du sentier qui n'a ni balisage ni cairn. Heureusement on a le GPS, mais on a oublié un câble pour recharger les piles; du coup il faut espérer qu'il fasse beau pour utiliser le chargeur solaire. En plus les traces gps sont un peu fantaisistes et on est pas mal obligés d'improviser dans des endroits pas toujours très praticables.

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On croise plusieurs empreintes d'ours et Sophie flippe et a l'impression d'en voir partout. On se retrouve aussi très vite en manque d'eau et l'unique source indiquée sur la carte du parc est à sec. On espère qu'il y en aura au refuge mais selon nos informations rien n'est moins sûr Épuisés et assoiffés après 5h3 de marche et un dernier raccourci contre-productif, on arrive enfin au refuge (en état de décrépitude avancée vu de loin). Oui mais là, juste devant la porte à 30m de nous : un ours!

ours ours

On ne saura jamais s'il y avait de l'eau la bas, en revanche on sait qu'on peut marcher très très vite avec 20kg sur le dos. On décide de contourner le refuge et d'aller chercher l'eau plus loin. Encore des chemins difficiles sans trace... on croise une rivière à sec avec une flaque d'eau vaguement claire entre 2 cailloux. Tellement désespérés on en remplit nos bouteilles. Finalement 1h plus tard on croise une rivière pleine d'eau! Le graal...On fait le.plein de tous nos récipients, des ablutions de pieds et d'aisselles c'est le paradis. Mais on guette toujours les ours : on a encore vu des empreintes. On prolonge un peu histoire de camper plus loin. Le harcèlement des moustiques devient franchement pénible on se réfugie vite sous la tente après manger. Non sans avoir planqué les sacs pleins nourriture alléchante à quelques centaines de mètres de là…

J3
Aujourd'hui c'est nul le Kamchatka. Il pleut toute la journée, on reste dans la tente avec nos Kindle. Vers 14h on aperçoit la colonne de russes qui passent à 20m de la tente, ils ont l'air bien mouillés.

tente tente

J4
Aujourd'hui c'est pourri le Kamchatka Pas de pluie au réveil mais une brume très épaisse, on ne voit pas à 100m, et tout est trempé. La marche est franchement désagréable : toujours pas l'ombre d'un sentier même si de temps à autre on croise des empreintes humaines, et une multitude de rivières et ravines à franchir. On est assez vite mouillés malgré les guêtres, nos pieds font floc floc dans nos chaussures malgré plusieurs arrêts essorage de chaussette. En plus on est sûrement dans un endroit grandiose mais on ne voit absolument rien c'est un peu frustrant. On croise un deuxième ours en plein repas qui nous oblige à faire un long détour. On refait les pleins d'eau dans des rivières en crue à cause de la pluie, l'eau est trouble et ne donne pas envie. Après le déjeuner il se met à pleuvoir, on sort les capes de pluie. Vers 16h on en a vraiment marre on décide de s'arrêter. Dîner froid (encore!), il s'arrête brièvement de pleuvoir vers 20h et en sortant la tête de la tente on aperçoit enfin le volcan Zimina qui nous surplombe!

brume 1 brume 1 riviere 1 riviere 1

riviere 2 riviere 2 Zimina Zimina

J5
C'est pas mieux le Kamchatka. Même temps moisi qu'hier avec quelques éclaircies. On est toujours aussi frustrés on ne voit rien du paysage certainement superbe. On a vu des grosses marmottes et des sortes d'écureuils très sociables ils viennent nous manger dans la main et courent autour de la tente pour s'amuser On a aussi recroisé nos potes russes qui ont l'air aussi désabusés et mouillés que nous...Le refuge de mars campsite de ce soir c'est en fait quelques planches de bois qui s'écroulent donc il fuit de partout. On ne peut même pas se faire de thé pour se réchauffer car on n'est pas sûr d'avoir assez d'essence dans le réchaud. L'année prochaine on ira à bora bora !

brume 2 brume 2 ecureuil ecureuil

J6
C'est désespérant le Kamchatka Journée pluie sous tente et Kindle. Toutes nos fringues, en particulier chaussures et chaussettes, sont trempées et avec ce temps impossible de faire sécher quoi que ce soit! On discute vaguement avec un groupe de Biélorusses qui ont fait une ascension de volcan de 12h sous la pluie la veille (quelle chance) puis un couple de vieux allemands. Ça déprime tout le monde cette pluie mais il paraît que c'est normal. Ils sont tous super équipés par rapport à nous et surtout transportent des quantités astronomiques de nourriture et de bouteilles de gaz. On va adopter un petit écureuil, ils sont trop mignons

mars campsite 1 mars campsite 1

J7
Miracle il fait beau! Ce matin, on voit 3 volcans autour du campement pour la première fois depuis notre arrivée Presque tous nos vêtements ont séché sauf nos chaussures, instant pénible en les remettant. On fait le plein d'eau à la source très claire du camp qui nous a même permis de faire une toilette rapide, un petit bisou aux écureuils et on repart. Tant qu'il fait beau on mitraille de photos, le temps se couvre un peu après mais reste très acceptable. Encore une fois aucun sentier visible, on se galère un peu dans le terrain accidenté avant d'arriver au canyon pour déjeuner.

mars campsite 2 mars campsite 2 canyon canyon

La rivière que les allemands ont eu du mal à traverser hier est totalement à sec aujourd'hui. On a l'impression que les multiples cours d'eau croisés ces derniers jours peuvent très facilement déborder en cas de pluie et que la région doit être peu praticable au moment de la fonte des neiges. On croise plusieurs petits groupes, puis de nouveau nos amis russes qui nous invitent pour le dîner. Petite sieste au soleil et visite du canyon creusé par l'eau (pas mal du tout), encore une heure de marche et nous sommes arrivés au camp edelweiss dont le refuge bien que sommaire est en nettement meilleur état que le précédent. La source d'eau en contrebas est minuscule et pas très propre. Sophie en profite pour faire une mini toilette. Les russes, elles, se sont carrément lavées des pieds à la tête cheveux compris dans une eau extrêmement froide! Repas russe agrémenté de saucisson corse et de champignons du Kamchatka. Quelques éclaircies dans la soirée nous donnent de belles vues sur 3 volcans dont le Tolbalchik que l'on n'avait plus vu depuis 5j, bien qu'on ne fasse que lui tourner autour.

tolbachik 7 tolbachik 7 edelweiss CS edelweiss CS

Après le repas qu'on a fait glisser avec un peu de gnôle artisanale, on se regroupe autour du feu de camp dans lequel on brûle tout et n'importe quoi y compris des gros bidons en plastique, tout en fumant un bang à l'orange bricolé sur place... sont fous ces russes

J8
Ce matin plutôt beau temps mais un vent à décorner les bœufs. On se promène autour du camp, la vue sur les volcans et la vallée est très jolie. Après déjeuner on part pour notre dernière marche. Grosse ascension puis terrain plat avec vue intermittente sur jusqu'à 5 volcans! On croise un groupe qui part pour 17 jours ils ont l'air dégoûtés par la météo surtout quand on leur dit que les jours précédents étaient pires. Le Klushevskoy, le volcan le plus haut, se met à cracher des cendres. On aperçoit un 3ème ours qui s'enfuit en courant en nous voyant. Arrivés au camp nous sommes seuls. Encore un abri qui n'abrite rien et toujours pas de source d'eau, mais aussi une ancienne cabane de ranger dans laquelle on élit domicile, ça va nous permettre de passer une super nuit à l'abri du vent.

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J9
Matinée très ventée à l'abri du chalet. Nos amis russes arrivent juste avant le camion, on embarque directement. Le trajet est beaucoup plus court qu'à l'aller. A Kozyrevsk, on avance de 24h la date de nos billets de bus retour puis on fait un tour à la supérette du coin où tous nos amis russes sont aussi. Ils nous proposent gentiment de nous héberger. S'ensuit une après midi de déjeuner continu, arrosé de vodka et de bière locale. Il paraît qu'un dicton russe dit qu'il faut manger tout ce qu'on a à disposition parce qu'on ne sait jamais ce qu'il se passera ensuite. Donc on goûte tout... y compris leur fameux caviar rouge frais du jour sur une crème aigre pas mal du tout. Séance sauna, enfin on peut se laver un vrai bonheur